Bivouac de Liège (Belgique), 4 mars 2011

Quelles voix/voies pour les écritures contemporaines en Europe ?

Rencontre modérée par Marianne Clévy, coordinatrice artistique de Corps de Textes Europe, avec Mickael de Oliveira, Frédéric Sonntag, Pedro Eiras, Régis Duqué, Stéphane Olivier, Alex Lorette, Galin Stoev, Vincent Romain

Transcription et synthèse : Antoine Laubin

Galin Stoev

"Un texte est différent selon le contexte où il est reçu. En France et en Belgique, jouer un texte basé sur les dix commandements créait un malentendu incompréhensible. Tous les gauchistes de 68 qui ont aujourd'hui soixante ans et sont habillés en Louis Vuitton sont agacés quand ils entendent le mot « Dieu » sur un plateau. J'ai mis du temps à le comprendre. Un bon texte traverse la langue et les cadres culturels même si ce qu'il raconte varie selon le contexte. C'est au metteur en scène et aux comédiens d'en rendre compte différemment."

Stéphane Olivier

"Il y a vingt ans, à Bruxelles, on pouvait se passer du théâtre français et voir des choses formidables venues de partout dans le monde. Quand j'ai découvert Gabily, je me suis dit que ça faisait très longtemps que je n'avais plus lu d'auteur français. Avec Transquinquennal, on épluche les journaux internationaux et on cherche les nouvelles choses intéressantes. Notre démarche tend souvent vers la commande. C'est plus excitant d'avoir une pièce rien que pour soi, même si certaines de nos commandes n'ont jamais été montées. Le fait d'être un collectif nous oblige à rationaliser. Nous recevons entre cinq et dix textes par mois et nous ne faisons qu'une ou deux productions par an. Notre problème est souvent d'arrêter de chercher. On en arrive parfois à chercher comment faire pour lire l'ouzbèke, c'est sans fin. Les possibilités de la curiosité sont infinies."

Vincent Romain

"Les metteurs en scène sont généralement des personnes ouvertes et curieuses mais pas en recherche de textes. Nous cherchons donc à diffuser les textes auprès d'eux. Il est souvent plus facile de dialoguer avec le Québec qu'avec la France. Notre mission première s'axe sur le monde francophone parce que nous n'avons pas les moyens pour la traduction. On travaille de manière impressionniste, par touches. Une opération récente avec la Pologne a eu lieu mais ce sont de petits événements ponctuels. Ici le monde anglophone et germanophone sont présents mais ne constituent pas de grandes lames de fond. Une oxygénation peut s'opérer par le théâtre africain, au niveau des échanges et des résidences d'écriture. Les dialogues et échanges entre auteurs ont lieu également avec la Roumanie, grâce à sa culture francophile très développée. La petite taille de la Belgique et le fait de posséder plusieurs langues nationales facilitent l'échange. Nous ne faisons pas peur, nos ouvertures vers l'étranger sont importantes, sans cibler une esthétique particulière."

(...)


La suite de cette table ronde et le dialogue avec les spectateurs qui suivit sont retranscrits dans la publication « Corps de textes Europe - Liège, mars 2011 », ouvrage quadrilingue (français, anglais, portugais, bulgare), édité par le Théâtre de la Place (Les Cahiers du XX Août), février 2012.

Cette publication présente également un appendice bio-bibliographique détaillant les parcours et les œuvres de tous les intervenants.